Hier soir, j'ai appris le décès de ma tante...
Hier soir, j'ai appelé ma mère :
" - Tiens, Foued. T'étais parti en vacances ?
- Ben nan... pourquoi tu dis ça ? Leïla (ma soeur, je précise) m'a eu au téléphone y'a quelques jours...
- ça va ?
- Oui, oui... comme toujours tu l'sais... et toi et papa??
- oui nous ça va... j'suis désolée mais j'ai une mauvaise nouvelle...
- Qu'est-ce qu'il y a ??
[ petit blanc... ]
- Ta tante d'allemagne, tu sais la femme de mon frère...
- Oui, ben qu'est-ce qu'il y a ??...
- Ben elle est morte... "
Premier coup de poing dans l'estomac. J'ai mis quelques instants à répondre... C'est marrant comment des fois le cerveau se déconnecte tout seul, comment il sait très bien faire une barrière avec le monde extérieur pour pas que le corps réagisse avant de réaliser ce qui se passe et fasse n'importe.
Là où j'ai mal réagi c'est surtout au moment des explications de ma mère et de mon père ensuite. Ma mère m'a annoncé que ça faisait déjà une semaine que quasiment tout le monde était au courant, je suis un des derniers à l'apprendre avec mon cousin de Lille, qui lui est toujours pas au courant (sa femme et sa mère veulent pas qu'on lui dise avant qu'il finisse son concours vendredi qui vient).
Alors, forcément que je l'ai mal pris : "Pourquoi tu m'as pas appelé ?? C'est stupide!!!"
J'ai eu droit comme réponse à "Mais je voulais pas que ça te perturbe, je voulais te protéger"
Biensûr!!! Comme si en me le disant plus tard j'aurais moins de douleur... Pfffff...
Puis là où j'ai perdu pied c'est à ma question suivante : "Et de quoi elle est morte?"
Faut savoir que mon oncle (son mari donc) a pas mal de problème de santé, il est souvent sous surveillance médicale suite à une longue vie de travailleur dans les mines en Allemagne, je sais même pas moi-même si il souffre encore tellement il est pas bien... mais sa femme, elle, n'a jamais été malade, jamais de coup de fatigue, toujours dans le speed... et avec le sourire je vous prie !!
Et là ma mère me répond : "Personne ne sait... Elle s'est plaint de douleurs au ventre au début du mois, et elle a passée une semaine à l'hôpital... Les docteurs ont rien trouvé d'anormal et elle est morte là-bas sans que les docteurs ne le prévoient..."
...
...
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Mon monde s'effondre. Cette femme c'était un ange. Elle est mon oncle (ainsi que toute leur famille, enfants et petits-enfants) je les connais pas depuis si longtemps... Seulement une dizaine d'années. A la mort de ma grand-mère (la seule que j'ai connue puisque mes 3 autres grands-parents sont morts avant ma naissance), j'ai juré que je ne pleurerai plus jamais de ma vie. J'avais 11 ans. Jusque là, j'ai tenu ma promesse. Et quand mes parents sont rentrés du Maroc après l'enterrement, ils nous ont dit à mes soeurs et moi, que là-bas, ils avaient rencontrés le grand frère et la grande soeur de ma mère... Nous qui avions toujours cru que ma mère était l'ainée... Même elle, elle ne savait pas qu'elle avait 2 autres frère et soeur... et ce sont eux si gentils, si humble, si compréhensifs, si généreux... qui m'ont fais redécouvrir le sens du mot "famille" alors que je détestait tous ceux qui se prétendaient de ma famille, à part mes parents et mes soeurs (et je garde toujours une haine et un dégoût certain pour tous ces gens que je ne veux même plus considérer comme autre chose que des connaissances...)
Et le frère de ma mère nous a invité en Allemagne, nous a présenté sa famille, nous a tant apporté en si peu de temps que je voyais et que je vois toujours en lui le grand-père que je n'aurai jamais...
Et là, le destin m'enlève sa moitié... une des femmes auxquelles je tenais le plus au monde...
Je hais la vie à ce moment-là... je n'entends plus vraiment ma mère au téléphone... j'ai juste décroché du présent... mon cerveau arrête tout et me plonge dans une bulle. Je ne sais plus où je suis, je ne sais plus que faire... quoi dire...
Pendant les 15 minutes suivantes j'ai encore la force d'écouter ma mère, d'engueuler mon père qui ne se sent pas physiquement au mieux de sa forme pour emmener ma mère en Allemagne soutenir mon oncle... Avec une journée de recul je ne lui en veut plus à mon père. Il n'est plus tout jeune, et, Lyon-Essen c'est pas 50kms. Non, c'est pas grave, j'irai à Lyon récupérer ma mère et on ira ensemble en Allemagne.
Et sur les 2 dernières minutes au téléphone, mon cerveau relâche sa garde, je commence enfin à parler de ma tante et je sens mes yeux s'humidifier... ça se bouscule dans ma bouche, j'ai du mal à respirer et parler en même temps... Ca faisait plus de 14 ans que je n'avais pas pleuré et là je redécouvre soudain cette sensation de mal-être liberatrice...
C'est con mais je m'en veux de ne pas avoir raccroché plus tôt, d'avoir laissé ma mère voir que je ne suis pas ce "monsieur Indestructible" que je prétend être... Ma tante, tu me laisses déjà un si grand vide... même pas 20 minutes que j'ai appris ta disparition et tu es déjà si haut dans le ciel, si loin...
Je viendrais déposer une fleur sur ta tombe au Maroc, dès que je pourrais...
Mais je dois m'arrêter de pleurer. Ma mère, quand j'étais petit, me disait qu'il ne fallait pas pleurer les morts parce que là où ils étaient ça leur faisait mal... il faut les évoquer et sans cesse se souvenir d'eux mais sans pleurer... J'te ferais pas souffrir tata, promis...
J'ai passé une mauvaise soirée hier, mais heureusement que j'était pas vraiment tout seul.
Merci Claire, Julie et Aurélie de m'avoir prêté un peu d'attention.
Ma claire, t'as été la première à me voir ainsi hier et la première a vouloir soulager ma peine. J't'adore plus que tout, tu le sais et je serais là pour toi même contre la Terre entière.
Ma Julie, tu sais ce que je ressens en ce moment et même si t'étais occupée ailleurs t'as gardé un oeil sur moi quand même. Tu sais ce que tu représentes pour moi, alors juste merci d'exister et de faire partie de mon quotidien. Sans toi, j'suis pas sûr que je serai pareil aujourd'hui.
Ma bikou, ma follasse, mon Aurélie (qui n'est pas à moi, je le sais bien), t'es restée avec moi jusqu'à 5h du mat' quasiment et tu m'as offert ton sourire et ta gentillesse, j'te remercierai jamais assez et je remercie le jour où on s'est connu. J'espère qu'un jour je pourrais te donner autant que tu me donnes.
Merci à vous 3...